vendredi 21 septembre 2018

4. ARRIVÉE

Je vole.
    Pur esprit, je fends l'espace à la vitesse de ma pensée. Je suis sorti de l'empire des anges, mais pour aller où ? Je plane doucement. Devant moi, une lueur.
    Elle fascine mon âme. Je me sens papillon attiré par une flamme.
    Je découvre une planète isolée dans le vide sidéral. Une planète avec deux soleils et trois lunes. Mon âme fend son atmosphère et je suis aspiré par sa surface. Je tombe.
    Surprise : il n'y a plus de portance. La gravité m'appelle.
    En bas, l'océan se rapproche, fonce à ma rencontre. Durant ma descente, je me solidifie. Ma peau s'opacifie. D'abord mes pieds, puis mes jambes, puis mes bras et mon visage. Là où il y avait une enveloppe translucide, il y a maintenant une peau rose et opaque.
    Mes orteils perçoivent un choc.
    Dans un grand fracas, je brise le miroir turquoise.
    Je suis sous l'eau.
    C'est froid, c'est gluant, c'est désagréable.
    J'étouffe. Je m'asphyxie. Que se passe-t-il ? Il me faut de... l'air.
    Je me débats. Je dois absolument remonter. L'eau salée pique mes yeux. Je serre les paupières. Je me démène. J'émerge enfin à la surface, j'avale une énorme goulée d'air, et, soulagement, je parviens à sortir de l'eau.
    Je respire !
    J'éprouve d'abord un sentiment de panique, puis la sensation devient presque agréable.
    Je vide mes poumons, les emplis d'air à nouveau.
    Aspiration, expiration. Cela me rappelle la première bouffée d'air de ma dernière naissance humaine. L'air, cette drogue originelle dont il est impossible de se passer. Mes alvéoles pulmonaires se gonflent comme autant de petites baudruches. J'ouvre les yeux et j'aperçois le ciel. J'aimerais m'envoler là-haut, vers les nuages, mais je reste prisonnier de la pesanteur.
    Je sens la chair autour de mon âme et elle me pèse. Je sens la rigidité de mes os, la sensibilité de ma peau, et une idée effrayante me traverse. J'en tremble.
    Je ne suis plus un ange. Serais-je redevenu un " humain " ?
   

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